Polymorphe, l'œuvre de Thomas Tronel-Gauthier procède d'un regard sur le monde qui l'entoure, tout à la fois analytique et poétique. Le rapport qu'entretient l'artiste aux éléments naturels, plus particulièrement à la mer, l'a conduit à s'intéresser au monde physique qui nous abrite et à la mémoire des phénomènes qui le gouvernent pour en déduire tout un ensemble d'oeuvres qui actent sa permanente métamorphose. Les moulages du flux de la mer qu'il pratique in situ sur le sable, les clones de roches volcaniques qu'il installe en éboulements, les traces que ses mots noyés d'encre diffusent en toute liberté en disent long de la recherche d'une forme de sédimentation du temps.
Friand d'histoire et de culture, toujours prompt à partir à la découverte de nouvelles situations, Thomas Tronel-Gauthier est en quête d'espaces naturels pour tenter par tout un ensemble de gestes singuliers d'en déchiffrer, à la façon d'un archéologue, la mémoire enfouie. Celles mêlées du vécu et de l'imaginaire. En fait, l'artiste est à la recherche d'un ailleurs innommable, voire improbable, qui s'origine à l'aube d'une histoire de l'homme quand celui-ci entretenait à la nature une relation existentielle. Entre land art et minimalisme, l'oeuvre de Thomas Tronel-Gauthier s'offre à voir comme une réflexion sur notre rapport au monde qui nous invite à l'éveil d'une conscience environnementale.
Philippe Piguet
Texte écrit en préambule de l'exposition personnelle à venir au MASC (Musée de l'Abbaye Sainte-Croix) et à l'Abbaye Saint-Jean d'Orbestier, Les Sables d'Olonne, du 30 juin au 29 septembre 2019