En suspend
Fil de Nylon, Sel Naturel de Guérande
Installation au musée de l’Oeuvre Notre Dame, Strasbourg, mai 2007
Des poissons suspendus têtes en bas au-dessus d’originels bénitiers
ou de diverses vasques contenant de l’eau… Notre premier regard
s’arrête sur une incohérence qui n’a de cesse de révéler un subtil jeu
de retournements de situations, de tensions, qui s’installe entre ce
qui devrait être, une probable réalité, et les lois physiques des matières
mises en forme, en espace et en scène…
Ces poissons tentent vainement de regagner l’élément liquide, d’habitude
nécessaire et vital à leurs survies. Paradoxalement, cette impossible
rencontre des corps stylisés en sel des poissons avec l’eau sera, pour un
temps, salvatrice de l’intégrité physique du corps de ces mêmes poissons.
Pour un temps seulement puisque d’autres menaces douces-amères
pèsent sur ces éphémères formes qui évolueront irrémédiablement
en une fortuite désintégration liée, soit à l’évaporation de l’eau contenue
dans les bénitiers, soit soumise aux aléas de possibles intempéries.
Ainsi, ces « mobiles » de poissons fluctuent et évoluent dans un espace
entre ciel et terre, entre ciel et eau, où se joue des dualités de formes,
de fond et de forces, plaçant ces « Poissons de sel » dans un jeu paradoxal
de dangereuses verticalités où d’immatérielles lignes créent des tensions
entre la chute des poissons, celle des gouttes de pluie, contrebalancées
par l’invisible ascension d’une évaporation aussi lente que destructrice…
Anne-Virginie Diez