communiqué de presse :
Low Velocity Zone, l’exposition de Thomas Tronel-Gauthier à la galerie Riff Art Projects/Paris, inaugurée en octobre 2009, est l’aboutissement d’une
collaboration étroite avec l’artiste durant ces deux dernières années. Présenté lors de l’exposition inaugurale de la galerie à Strasbourg en mai 2008, l’artiste
nous a suivi aux foires d’art contemporain de Paris (Fiac/Show Off 2008) et de Strasbourg (St’Art 2008).
Thomas Tronel-Gauthier place la matière au coeur de ses préoccupations. Au travers d’une esthétique épurée, l’artiste s’attache à redonner aux
divers matériaux qu’il utilise (céramique, polystyrène, marbre, verre...) une visibilité habituellement masquée par leur qualité. Dans le travail de
Thomas Tronel-Gauthier, le matériau vient enrichir la signification d’une pièce plutôt que d’en desservir la fonction.
Les oeuvres présentées ici sont empreintes de contrastes et d’ambivalences. Elles se situent sur une frontière : la low velocity zone.
En géologie, ce terme désigne la couche du manteau terrestre au travers de laquelle les ondes sismiques se propagent à faible vitesse, ralenties par la
fusion partielle de la matière. Les matières utilisées ici portent en elles la trace de cette dichotomie : les matériaux, entre rigidité et malléabilité, adoptent
des formes ou s’en affranchissent au gré du travail de l’artiste. La Grande louche en verre, les Moullusques en céramique résultent de la
solidification d’une pâte molle. Les Alguorescences associent quant à elles la raideur de leurs branches à la souplesse du polystyrène qui les constitue.
Le choix iconographique répond à ce jeu de contrastes, comme le laissent apparaître les hybrides Moullusques, mi-mollusques mi-moules à
gâteaux : le moule occasionne une rencontre entre une pâte liquide et une structure ferme, tandis que le corps du mollusque vient se nicher dans
une coquille rigide. Ces confrontations nous rappellent que tout contenu fluide ou changeant se trouve enveloppé dans des éléments solides et
stables. Dans Sans Titre [Made in Italy], l’artiste a creusé des moules à madeleines dans une plaque de marbre. La caractéristique immuable de
ce matériau se trouve chargée voire contredite par une connotation plus temporelle : à l’instar du marbre de la tombe qui ne conserve qu’un nom,
ce marbre blanc ne conserve qu’une trace de l’enveloppe des madeleines.
Les oeuvres de Thomas Tronel-Gauthier dérangent ainsi la stabilité de l’enveloppe des choses : sous la fermeté de la croûte terrestre, le chaos du
magma en mouvement et en mutation. A l’image de la low velocity zone, espace frontalier dans lequel la matière se trouve suspendue entre deux
états, l’artiste nous présente ici un monde fluctuant, en perpétuel devenir.